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sait quelques dettes sérieuses. Le notaire appelait madame de Flamarande à Paris et l’engageait à se hâter. Je vis tout de suite qu’elle n’avait pas assez apprécié l’urgence de son départ, et je dus lui conseiller de l’effectuer dès le lendemain matin. Elle s’y résigna avec chagrin, mais sans discuter. Elle devait emmener Roger, qu’elle voulait faire émanciper, afin de la dispenser de prendre des résolutions contraires à ses désirs.

Madame de Montesparre commanda tout de suite sa voiture et ses chevaux pour le jour suivant de grand matin, afin de faire gagner aux voyageurs le chemin de fer à l’heure voulue. Elle parlait d’accompagner son amie à Paris ; mais Roger, qui rentrait en cet instant, lui dit d’un ton affectueux et sérieux en lui baisant la main :

— Non, chère madame, il faut rester chez vous, il le faut !

Il ne voulut pas s’expliquer, mais je vis au front radieux de Roger que M. de Salcède, en le priant amicalement d’être moins familier avec la baronne, lui avait fait volontairement deviner ses projets. Roger en était si heureux, que je vis combien madame de Flamarande avait deviné juste en refusant de lui donner un nouveau rival. La joie de Roger éclaira aussi madame de Montesparre, qui ne parla plus d’aller à Paris.

Quand Gaston fut mis au courant des motifs de ce prompt départ, il eut un moment de tristesse.