Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



XXII


Je n’avais pas entendu les premières paroles échangées entre eux sur le sentier. Le premier mot que je recueillis fut une déclaration très-nette de la comtesse.

— Parlons franchement, disait-elle, brutalement même, pour trancher la situation. Je vois bien ce que vous a dit la baronne et dans quel lacet elle veut m’engager. Il y a longtemps d’ailleurs qu’elle me parle de votre amour et qu’elle vous révèle le mien. Cette révélation est une supposition toute gratuite, fondée sur sa propre appréciation. Berthe vous aime et vous aimera toute sa vie dans le sens qu’elle m’attribue, elle ne peut comprendre le genre d’affection que j’ai pour vous ; vous la comprendrez, vous qui savez mieux analyser le cœur humain. Mon amitié pour vous, ma haute estime, mon admiration, je dirai même ma vénération pour votre caractère, vous les connaissez, vous n’en dou-