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tact de la famille de Flamarande, je ne voulais pas être repris par elle. Je fus donc forcé d’entendre ce que disaient les deux amies.

Madame de Montesparre insistait auprès de la comtesse pour qu’elle promît sa main à M. de Salcède.

— Non, répondait celle-ci, cela n’a plus de raison d’être du moment que Gaston refuse d’être adopté par lui. Gaston veut se fixer à Flamarande, puisqu’il a accepté enfin de son frère ce pauvre rocher et cette modeste propriété, qu’il sera censé lui avoir achetée. M. de Salcède aime aussi Flamarande, où il s’est enseveli par dévouement et où il est arrivé à se plaire par habitude et par amour des sciences naturelles ; mais, avant tout, il aime Gaston, et se séparer de lui serait un sacrifice au-dessus de ses forces. Je suis convaincue qu’il ne désire en aucune façon un mariage qui l’en éloignerait forcément.

— Pourquoi s’en éloignerait-il ? s’écria la baronne. Il vous bâtira, à la place du Refuge, un château digne de vous, où vous passerez les étés auprès de Gaston, et où Roger viendra chasser.

— Les étés sont courts à Flamarande, et Roger, malgré sa tendresse pour son frère, ne vivra pas tous les ans pendant trois mois en Auvergne. D’ailleurs, le reste de l’année, Salcède devrait quitter Gaston ou me laisser vivre à l’état de veuve, comme a fait M. de Flamarande ; car, si je suis