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— Rien. Il n’a vu que moi et sans entrer dans la maison.

— Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

— Que vous lui aviez donné rendez-vous ici pour neuf heures.

— Mais pourquoi te trouves-tu à m’attendre au lieu d’être au pavillon, dans ton lit ? Je parie que ma mère a su quelque chose et qu’elle a été souffrante ?

— Je vous jure que non. Je suis ici comme je serais ailleurs, n’ayant pas besoin de repos et incapable d’en prendre avant de vous avoir vu.

— Pourquoi diable t’inquiétais-tu si fort ? Ah ! oui, ma lettre ! tu m’as cru parti au moins pour les Indes ? Le fait est que j’avais idée de quelque chose comme cela ; mais j’ai vu Gaston, qui m’a fait comprendre que ce serait mal, et puis M. de Salcède, qui m’a donné toute sorte d’éclaircissements utiles, et t’a justifié auprès de moi en me montrant la pièce que tu lui avais remise. Voilà pourquoi je ne t’ai pas étranglé tout à l’heure en revoyant ta figure.

— Eh bien, vous voilà tranquillisé. Il faut laisser dormir votre mère et prendre un peu de repos.

— Je ne suis pas fatigué, j’ai froid, voilà tout. Quel diable de climat ! Les nuits d’automne sont froides comme chez nous en janvier !