Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je vais monter en voiture et m’informer de lui d’un autre côté. Retournez à Flamarande par la montagne. J’y ramènerai Roger, si je le trouve. Vous voyez, il soupçonne quelque chose. Il n’y a qu’un remède, c’est le mien : un mariage entre madame de Flamarande et Salcède après l’adoption de Gaston par Salcède.

J’étais trop troublé et trop démoralisé pour avoir une opinion. La baronne me fit donner un cheval frais et me força de prendre un peu de café. Elle me voyait pâle, et je sentais bien que je n’étais plus assez jeune pour cette vie agitée. Je me hâtai pourtant, espérant toujours rencontrer Roger ; je ne le rencontrai pas. J’espérais encore le retrouver à Flamarande ; il n’y avait pas reparu. Je me sentis alors tellement brisé que je dus aller me jeter sur mon lit en me disant :

— Tu n’as eu d’énergie dans ta vie que pour faire le mal. À présent que tu veux faire le bien, la force te quitte et tu n’es plus bon que pour mourir.

Le brave Ambroise, lui, était sur pied et prenait sa médecine de paysan pour empêcher le retour de la fièvre. Il me força d’en prendre aussi comme tonique, et, m’engageant à dormir un peu, il sortit pour se mettre de son côté à la recherche de Roger.

Je fis bien de suivre son conseil, car un surcroît d’inquiétude m’attendait dans l’après-midi. Non-