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tre à Paris, j’ai besoin de voyager encore ; elle y consentira, et je partirai sans l’effrayer. Pendant mon absence, elle s’occupera de régulariser ta position, et tous ces détails, toutes ces explications que je redoute, seront terminés quand je reviendrai. Je n’aurai plus qu’à accepter les faits accomplis, et je les accepterai bravement, je te le jure. C’était là mon intention quand j’ai quitté ce matin Flamarande. J’y persiste, mais je conviens que c’était trop brusque, et qu’à cause du cheval que j’ai eu la bêtise de prendre, il eût été difficile de lui cacher que j’étais venu.

» — Non, il sera très-facile de le lui cacher. Je n’ai dit qu’à ma mère Suzanne, hier soir, que tu étais arrivé par la fenêtre. Elle est la discrétion même : elle se taira. Charles et Ambroise savent seuls que tu as pris le cheval. Je dirai à Michelin qu’il était déferré et que je l’ai amené ici, la bête étant un peu blessée et l’aubergiste étant le meilleur maréchal du pays. Tout s’arrangera sans que ta mère ait la moindre inquiétude ; autrement elle devinerait ton chagrin quand tu lui diras tes projets de voyage. Moi, j’espère que tu y renonceras avant de lui en parler, et dans tous les cas j’ai la certitude de t’y faire renoncer quand tu seras tout à fait calme. Je ne t’ai pas dit tout ce que j’ai encore à te dire.

» — J’en ai assez à présent, me dit-il en essuyant ses yeux tout rouges de larmes, remmène le