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en est à M. de Salcède. Il a fait bien du tort à madame !

— Oui, vous l’avez vu sortir de mon appartement, où mon mari l’avait trouvé, tandis que, moi, je ne le savais pas ; mais Salcède ne m’y savait pas non plus ! Sa faute est légère, et elle est si bien réparée !

— Il ne peut pas la réparer envers Gaston, qu’il a privé de nom et de fortune.

— Eh bien, Gaston aura la fortune et le nom de Salcède.

— Madame la comtesse en a la certitude ?

— Oui.

— M. de Salcède est bien jeune encore pour renoncer à s’établir.

— Je suis sûre de lui.

— Et madame s’arrête à la résolution de lui laisser adopter M. Gaston ?

— Il le faut bien, puisque le véritable père est inexorable ! Oui, je m’arrête à cette résolution, quelque douloureuse qu’elle me soit. J’avais au moins espéré qu’un mariage entre M. de Salcède et madame de Montesparre donnerait à mon fils une mère tendre sans que le marquis fût condamné au célibat ; mais madame de Montesparre, après avoir admis cette idée, la rejette et paraît avoir d’autres projets pour son compte.

— D’ailleurs, observai-je avec un peu d’irréflexion, M. de Salcède n’a jamais admis la pensée de ce mariage.