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vous… Je ne veux pas vous dire que vous mentez ; mais on vous a mis un mensonge odieux dans l’esprit, et cela depuis hier soir. Il faut me dire qui vous a égaré ainsi, je veux traiter ce calomniateur comme il le mérite.

» Il ne voulut pas me répondre ; mais je devine très-bien, et je crois que la personne n’est pas loin.

En parlant ainsi, Gaston me regardait d’un air indigné, et je me sentais défaillir. M. de Salcède prit vivement la parole.

— Tu te trompes, lui dit-il. La personne que tu accuses est venue ce matin m’apporter la preuve que voici.

Il lui mit sous les yeux la déclaration du comte de Flamarande.

J’observais Gaston pendant qu’il la lisait. Son visage ne fit pas un pli. Il n’avait pas douté de sa mère, lui ! Il n’était pas même étonné. Il ne fit aucune réflexion, replia le papier et le rendit au marquis.

— Continue ton récit, lui dit Salcède. Pourquoi reviens-tu seul ? Où est Roger ?

— Ne vous en inquiétez pas, je vais vous dire le reste. Comme j’étais très-irrité, il s’est emporté aussi. Il m’a dit que c’était moi qui mentais. Jamais il n’avait accusé sa mère, je lui prêtais des sentiments affreux. Je voulais faire le maître, le pédagogue avec lui, il n’était pas d’humeur à le souf-