Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

certain que M. de Flamarande est plus que jamais décidé à n’avoir qu’un fils.

— Alors madame de Montesparre avait raison : il m’a condamnée sans retour sur une apparence. Dites-moi tout, Charles. Cette fois, j’insiste sur une question que je vous ai déjà faite il y a longtemps. Suis-je accusée d’avoir lâchement cédé à la brutalité d’une surprise infâme ou d’avoir trahi sciemment l’honneur conjugal ?… Répondez sans crainte. Je peux tout supporter à présent !

Il y avait tant d’assurance dans sa voix, tant de fierté dans son regard, que je fus fortement ébranlé. Si je n’avais eu sur moi la preuve de sa faute, je serais tombé à ses pieds pour lui demander pardon de mes doutes.

Je lui répondis ce qui était vrai :

— Le comte de Flamarande ne s’est jamais expliqué catégoriquement avec moi sur ce point délicat. Évidemment son esprit s’est porté alternativement vers chacune de ces hypothèses, mais il n’a rien conclu, sinon que Gaston n’était pas son fils, et rien au monde n’a pu ébranler sa résolution de l’éloigner sans retour.

— La déclaration qu’il vous a signée pourtant, et que vous avez été forcé de montrer à la nourrice pour la tranquilliser ?

— Cette déclaration, je l’avais exigée. Il me l’a reprise depuis.

Ici je mentais, j’avais toujours ce précieux papier