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de Roger : pensez-vous que sa résolution d’accepter Gaston soit durable et sérieuse ?

— Oui, monsieur le marquis. Je crois que, dans toute question d’intérêt où l’honneur et la délicatesse sont en jeu, Roger sera inébranlable.

— Oh ! cela, je n’en doute pas, reprit le marquis ; mais ne sera-t-il pas jaloux de la tendresse de sa mère ?

— Il le sera, il l’est déjà.

— Ceci est grave, mais non sans remède. Gaston saura se faire aimer, et madame de Flamarande saura sans beaucoup d’efforts rassurer la tendresse inquiète de Roger. Je ne vois à redouter très-sérieusement que les injustes et douloureux soupçons qui pourraient venir à ce jeune homme, si quelqu’un avait l’imprudence de lui révéler ceux de son père. Ne craignez-vous pas quelque circonstance où cela pourrait arriver ?

— Cela est déjà arrivé, monsieur le marquis ; Roger est déjà en proie à des soupçons qui le torturent.

— Vous ne m’avez donc pas tout raconté ? Achevez votre récit.

Et, me regardant avec attention :

— Est-ce vous, ajouta-t-il, qui avez commis l’imprudence que je redoutais ?

— C’est moi, répondis-je, sans le vouloir ; je n’ai pas besoin de l’affirmer. Je savais les résolutions qu’en ma présence madame la comtesse a prises