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— Il a élevé Gaston, il l’aime comme son fils. Il est riche, il est libre, il veut l’adopter, lui donner son nom…

— Tu mens ! s’écria Roger, cela n’a aucune vraisemblance.

— C’est vraisemblable et c’est vrai, madame la comtesse vous le dira.

— Et la baronne consentirait ?

— La baronne n’a pas de droits sur M. de Salcède.

— Il n’est pas son amant de longue date ?

— Il ne l’a jamais été.

— Ah ! je croyais… N’importe ! ma mère ne consentira pas à cet arrangement bizarre.

— Il n’est nullement bizarre, et elle y consent.

— Moi, je n’y consens pas, je le trouve… absurde !

— Pourquoi ?

Il ne répondit pas. Je vis que le doute était entré dans son cœur. Ce n’était pas là ce que je voulais. Je désirais seulement lui faire deviner que sa mère s’exposait au jugement de l’opinion en proclamant l’existence de son fils aîné, lequel n’avait pas besoin de cette publicité pour être riche et titré.

Je voulus développer ce thème, qui n’avait rien de bien offensant pour elle. Roger, qui tisonnait avec une antique barre de fer rougie par la flamme, se dressa devant moi en levant sur ma tête cette