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Roger était si exaspéré, qu’il voulait se jeter sur moi. Gaston le retint et le calma.

— M. Charles a raison, dit-il, il faut l’écouter, car il fait son devoir. Moi, je suis de trop dans de pareilles explications, je vous laisse.

— Non, tu resteras ! s’écria Roger ; tu as le devoir de m’entendre justifier notre famille, que ce vieux misérable feint de défendre afin de t’en faire douter !

J’allais répliquer lorsqu’on frappa à la porte. Gaston alla ouvrir.

— C’est Ambroise, dit-il. — Que veux-tu, mon vieux ? es-tu plus malade ?

— Je n’en sais rien, répondit Ambroise en entrant, ce n’est pas pour ça que je me permets… Monsieur le comte de Flamarande, excusez-moi : d’ordinaire, je couche dans une chambre d’en bas au donjon. Craignant de gêner votre mère, parce que je me lève matin et que les portes font du bruit, j’allais coucher à l’étable quand Michelin, voyant que je tremblais la fièvre, m’a forcé d’aller dormir au chaud dans sa cuisine, qui est juste au-dessus d’ici, et il faut que vous sachiez que, par cette cheminée que voilà, on entend toutes les paroles qui se disent ici quand on est dans la cheminée d’en haut. Moi, j’y étais pour me réchauffer, et, ma foi, sans vouloir écouter, j’entendais quasiment tout. Ça ne m’apprenait rien, puisque je suis un de ceux qui ont été employés dans cette affaire-