Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Espérance ouvrit, et Roger, qui avait escaladé le rocher au-dessous du pavillon, entra par la fenêtre, sauta légèrement au milieu de la chambre, et, voyant ma surprise, il éclata de rire. Il n’était pas étonné, lui, de me voir là, puisqu’il savait que j’y devais revenir bientôt, et je ne devais pas tomber des nues, parce que, ayant trouvé la porte du manoir fermée, il était forcé de passer par la fenêtre.

— Mais vous ne saviez pas, lui dis-je, que madame votre mère est ici ?

— Non. Ah ! elle est de retour ? eh bien, je vais l’embrasser.

— Elle est fatiguée, elle dort, elle est venue à cheval.

— Bon ! laissons-la dormir. Moi, je suis venu à pied.

— Vous étiez à Léville, lui dit Espérance ; madame nous l’a dit. Diantre, c’est une jolie promenade, ça !

— Ce n’est pas plus loin que Montesparre. Ça m’a semblé court ; un pays magnifique… pour décor de mélodrame.

— Et vous avez quitté les Léville ? lui dis-je.

— Ma foi, oui, le plus tôt possible, c’est tout un drame. Je vais vous conter ça. Figurez-vous qu’en acceptant avant-hier l’invitation des jeunes gens, j’ignorais qu’ils fussent ornés d’une mère et de trois sœurs impossibles. J’arrive chez eux hier dans l’après-midi, le père me fait faire une promenade