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voriser. À midi, elle dit qu’elle était un peu lasse et voulait faire une sieste, mais elle exigeait qu’Espérance gardât son appartement et ses habitudes. Son voisinage ne la gênait nullement.

Elle s’enferma ; Gaston sortit. Je m’en allai faire les comptes de la ferme avec Michelin, bien certain que madame ne dormait pas et que, grâce au court trajet de l’espélunque, elle était au Refuge avec Gaston et Salcède, ou que ceux-ci étaient avec elle au donjon.

À cinq heures, madame me fit dire qu’elle désirait que je fusse dîner avec elle ; elle n’avait pas dormi, elle avait vu Salcède, elle avait longuement causé avec Gaston. Gaston se savait riche à millions et paraissait n’y rien comprendre. Salcède lui avait donné sa parole d’honneur qu’il n’était ni son père ni son parent. Il ne doutait pas de la parole de Salcède ; il l’en chérissait d’autant plus. Il était d’autant plus résolu à épouser Charlotte et à ne rien changer jusqu’à nouvel ordre à sa manière de vivre. Il voulait que l’adoption ne fût ni publiée, ni effectuée, ni annoncée avant son mariage ; mais ce mariage paraissait devoir être retardé par le fait de Charlotte. En apprenant de M. de Salcède la grande situation qui allait être faite à son fiancé, elle se faisait scrupule de l’épouser avant des réflexions et des épreuves. Elle s’en était expliquée avec Gaston devant madame de Flamarande.