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épousant un homme du tiers dans l’aisance.

Enfin mon jeune cerveau battait la campagne, et mon jeune cœur désirait instinctivement la ruine de madame d’Ionis. Pendant qu’elle me parlait avec animation des ennuis de l’opulence et du bonheur d’une douce médiocrité à la Jean-Jacques Rousseau, j’allais si vite dans mon roman, qu’il me semblait qu’elle daignait le deviner et y faire allusion dans chacune de ses paroles enivrées et enivrantes.

Je ne me rendis cependant pas ouvertement. Ma parole était engagée : je ne pouvais que promettre d’essayer de fléchir mon père ; je ne pouvais faire espérer d’y réussir, je ne l’espérais pas moi-même : je connaissais la fermeté de ses décisions. La solution approchait ; nous étions à bout de lenteurs et de procédure évasive. Madame d’Ionis proposait un moyen, dans le cas où elle m’amènerait à ses vues : c’était que mon père se fît malade au moment de