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vais prononcer, je sentis qu’en jouant à m’emparer de votre liberté, j’avais livré et perdu la mienne.

En me parlant ainsi, elle s’était animée. La timide pudeur du premier aveu avait fait place à la confiance enthousiaste. Elle entoura ma tête de ses beaux bras longs et souples et m’embrassa au front, en disant :

— Je te l’avais bien promis que tu me reverrais ! J’étais navrée en te faisant cette promesse que je croyais trompeuse, et, pourtant, quelque chose de divin, une voix de la Providence me disait à l’oreille : « Espère, puisque tu aimes ! »

Nous fûmes unis le mois suivant. La liquidation de madame d’Ionis, devenue madame d’Aillane, n’était pas terminée, quand éclata la Révolution qui mit fin à toute contestation de la part des créanciers de son mari, jusqu’à nouvel ordre. Après la Terreur, elle se retrouva dans