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n’a dû sa recherche qu’au hasard d’une ressemblance.

Je compris si bien cette réponse, que je n’ajoutai plus rien et résolus de ne plus trop regarder mademoiselle d’Aillane, dans la crainte de me donner follement le change à moi-même. Je pris même la résolution de partir, pour peu que je vinsse à être trop ému de cette fatale ressemblance, et c’est ce qui m’arriva dès le lendemain. Je sentis que je devenais éperdument épris de mademoiselle d’Aillane, que le rêve de la néréide s’effaçait devant elle, et que Bernard s’en apercevait avec inquiétude.

Je pris congé, prétendant que mon père ne m’avait donné que vingt-quatre heures de liberté. J’étais décidé à ouvrir mon cœur à mes parents et à leur demander l’autorisation d’offrir mon âme et ma vie à mademoiselle d’Aillane. Je le fis avec la plus grande sincérité. Le récit de mes souffrances passées fit rire mon père et pleurer