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quelque réalité plus douce encore la remplacera, et vos vertus, ainsi que vos talents, n’en seront pas moins des biens acquis d’un prix inestimable.

— Jamais, lui répondis-je, jamais je n’aimerai que l’objet de mon rêve.

Et, pour lui faire voir combien toutes mes pensées étaient absorbées, je lui montrai tous les vers et toute la prose que j’avais écrits sous l’empire de cette passion exclusive. Il les lut et les relut avec le naïf enthousiasme de l’amitié. Si j’eusse voulu le prendre au mot, je me serais cru un grand poëte. Il sut bientôt par cœur les meilleures pièces de mon recueil et il me les récitait avec feu, dans nos promenades au vieux château d’Angers et dans les charmants environs de la ville. Je résistai au désir qu’il me témoigna de les voir imprimer. Je pouvais faire des vers pour mon plaisir et pour le soulagement de mon âme agitée, mais je ne devais pas