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j’ai agi en mauvaise tête, et me voilà tout prêt à vous en demander pardon.

— C’est fort inutile, monsieur, car vous étiez tout pardonné d’avance. Dans mon état, on est exposé à ces offenses-là et elles n’atteignent pas un honnête homme ; mais il n’y en a pas moins nécessité pour moi de me battre avec vous.

— Oui-da ! Et pourquoi diable, après les excuses que je vous fais ?

— Parce que ces excuses sont intimes, tandis que votre visite ici a été publique. Voilà votre grand cheval qui piaffe à notre porte, et votre soldat galonné qui attire tous les regards. Vous savez bien ce que c’est qu’une petite ville de province. Dans une heure, tout le monde saura qu’un brillant officier est venu menacer un petit avocat plaidant contre lui, et vous pouvez être bien sûr que, demain, lorsque j’aurai pour vous et les vôtres les égards que je crois vous devoir,