Sous l’empire de cette manie, j’étais en train de devenir homme de bien, et il est fort étrange que je fusse conduit à la sagesse par la folie. Mais c’était là quelque chose de trop subtil et de trop tendu pour la nature humaine. Cette rupture de mon âme avec le reste de mon être, et de ma vie avec les entraînements de la jeunesse, devait me conduire peu à peu au désespoir, peut-être à la fureur.
Je n’en étais encore qu’à la mélancolie, et, bien que très-pâli et très-amaigri, je n’étais ni malade ni insensé en apparence, lorsque la cause des d’Ionis contre les d’Aillane arriva au rôle. Mon père m’avertit de préparer mon plaidoyer pour la semaine suivante. Il y avait alors trois mois environ que j’avais quitté, par une matinée de juin, le funeste château d’Ionis.