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ni un écusson dans les papiers de la famille d’Ionis, que mon père, en raison du procès, avait tous entre les mains ; ni même une pierre tumulaire en aucun lieu de la contrée !

J’adorais donc une pure fiction, éclose, selon toute apparence, dans les fumées de mon cerveau. Mais voilà où il eût été impossible de me convaincre. J’avais vu et entendu cette merveille de beauté ; elle existait dans une région où il m’était impossible de l’atteindre, mais d’où il lui était possible de descendre vers moi. Creuser le problème de cette existence indéfinissable et le mystère du lien qui s’était formé entre nous m’eût conduit au délire. Je le sentais, je ne voulais rien expliquer, rien approfondir ; je vivais par la foi, qui est l’argument des choses qui n’apparaissent pas, une folie sublime, soit, si la raison n’est que l’argument de ce qui tombe sous les sens.

Ma folie n’était pas aussi puérile qu’on eût pu