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que j’étais sous l’empire d’une idée fixe, d’une monomanie bien conditionnée.

Trois jours après mon retour à Angers, mon père m’envoya à Tours pour une autre affaire. J’y passai vingt-quatre heures, et, quand je revins chez nous, j’appris que madame d’Ionis était venue s’entendre avec mon père sur la suite de son procès. Elle avait paru céder à la raison positive : elle consentait à le gagner.

Je fus content de ne l’avoir pas rencontrée. Il serait impossible de dire qu’une aussi charmante femme me fût devenue antipathique ; mais il est certain que je craignais plus que je ne désirais de me retrouver avec elle. Son scepticisme, dont elle n’avait paru se débarrasser un jour avec moi que pour m’en accabler le lendemain, me faisait l’effet d’une injure et me causait une souffrance inexprimable.

Au bout de deux mois, quelque effort que je fisse pour paraître heureux, ma mère s’aperçut