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dit là-dessus, la veille, dans un mouvement d’effroi devant mon état mental, des choses qu’elle était maintenant bien aise que je n’eusse pas entendues ; mais je ne soupçonnai pas ce que ce pouvait être. Elle me voyait tranquille, elle me croyait guéri. Je parlais avec assurance de ma vision, comme d’un accès de fièvre chaude. Elle m’engagea à n’y plus penser du tout, à ne jamais m’en tourmenter.

— N’allez pas vous croire plus faible d’esprit qu’un autre, ajouta-t-elle ; il n’y a personne qui n’ait eu quelques heures de délire dans sa vie. Restez encore deux ou trois jours avec nous ; quoi qu’en dise le médecin, je ne veux pas vous renvoyer, faible et pâle, à vos parents. Nous ne parlerons plus du procès, c’est inutile ; j’irai voir votre père et en causer avec lui, sans vous en tourmenter davantage.

Le soir, j’étais tout à fait guéri ; j’essayai de pénétrer dans mon ancienne chambre, elle était