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— J’avoue que je ne l’ai pas compris, j’étais sous le coup…

— De la fièvre ? Certainement, je l’ai bien vu !

— Vous plaît-il de me répéter, maintenant que j’ai toute ma tête, ce que vous m’avez dit à propos de l’apparition ?

Madame d’Ionis hésita.

— Est-ce que votre mémoire a conservé le souvenir de cette apparition ? me dit-elle d’un ton léger, mais en m’examinant avec une sorte d’inquiétude.

— Non, répondis-je, c’est très-confus maintenant ; confus comme un songe dont on a enfin conscience et que l’on ne pense plus à ressaisir.

Je mentais avec aplomb ; madame d’Ionis en fut dupe, et je vis qu’elle mentait aussi, en prétendant ne m’avoir parlé, dans la bibliothèque, que de l’effet du manuscrit, pour s’accuser de me l’avoir prêté dans un moment où j’étais déjà fort agité. Il fut évident pour moi qu’elle m’avait