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penser encore à la terre, d’admirer les lignes vaporeuses de ses étroits horizons, de respirer sans dédain son atmosphère de fleurs et d’herbages, enfin de se dire qu’on est quelque chose dans l’immensité et d’oublier que l’on n’est qu’un atome dans l’infini.

À mesure que j’approchais du parc seigneurial, les sauvages parfums de la forêt s’imprégnaient de ceux des lilas et des acacias qui penchaient leurs têtes fleuries au-dessus du mur de ronde. Bientôt, à travers les bosquets, je vis briller les croisées du manoir, derrière leurs rideaux de moire violette, coupés des grands croisillons noirs de l’architecture. C’était un magnifique château de la renaissance, un chef-d’œuvre de goût mêlé de caprice, une de ces demeures où l’on se sent impressionné par je ne sais quoi d’ingénieux, d’élégant et de hardi qui, de l’imagination de l’architecte, semble passer dans la vôtre et s’en emparer pour l’éle-