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vains efforts pour l’écouter et la comprendre. Il me semblait, par moments, qu’elle me parlait une langue inconnue. Quand elle vit que rien n’arrivait de mon oreille à mon esprit, elle s’inquiéta sérieusement de moi, me toucha le poignet pour voir si j’avais la fièvre, me demanda si j’avais mal à la tête, et me conjura d’aller me reposer. Je compris qu’elle me permettait d’être seul et je courus avec joie me jeter sur mon lit, non que je ressentisse la moindre fatigue, mais parce que je m’imaginais toujours revoir la céleste beauté de mon immortelle, si je parvenais à m’endormir.

Je ne sais comment se passa le reste de la journée. Je n’en eus pas conscience. Le lendemain matin, je vis Baptiste marchant par la chambre sur la pointe du pied.

— Que fais-tu là, mon ami ? lui demandai-je.

— Je vous veille, mon cher monsieur, répondit-il. Dieu merci, vous avez dormi deux