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Il y en eut pour deux heures à goûter un peu de tout, M. de Bois-Doré parlant cave et cuisine en maître consommé, et mademoiselle Bellinde dirigeant les valets avec une science et une habileté incomparables.

Le jeune page joua du téorbe fort agréablement pendant les deux premiers services ; mais, à l’apparition du troisième, un nouveau personnage se présenta et causa à d’Alvimar quelque malaise, sans qu’il eût pu dire pourquoi.




X



C’était un homme d’une quarantaine d’années, que le marquis salua du nom de maître Jovelin, et qui, sans dire une parole, s’assit sur une chaise de cuir doré dans un angle de la salle, de manière à ne pas gêner le service des valets. Il portait un petit sac de serge rouge qu’il posa sur ses genoux, et il se mit à regarder les convives d’un air doux et souriant.

Sa figure était belle, quoique vulgaire quant aux traits. Il avait le nez gros et la bouche grande, le menton fuyant et le front bas.

Malgré ces défauts, il était impossible à un honnête homme de le regarder sans intérêt ; et, pour peu que l’on fît attention à sa belle chevelure noire très-négligée, mais fine et naturellement bouclée, à ses magnifiques dents blanches, que montrait un sourire triste mais franc, enfin à ses yeux noirs d’une si vive intelligence et