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Auprès de ces belles, on voyait le petit Méril gardant leur chariot en forme de coquille terminée en parasol, et traînée par deux chevaux qu’on eût pu aussi bien prendre pour des brebis, tant ils avaient l’œil bénin et la tête busquée.

Le panneau suivant représentait le berger, secouru et soutenu par ces aimables nymphes, et occupé à rendre par la bouche toute l’eau du Lignon qu’il avait bue ; ce qui ne l’empêchait pas de dire, en paroles écrites tout le long de ce vomissement : « Si je vis, comment est-il possible que la cruauté d’Astrée ne me fasse mourir ? »

Pendant ce monologue, Sylvie disait à Galatée : « Il y a, en ses façons et ses discours, quelque chose de plus généreux que le nom de berger ne porte. »

Et, au-dessus du groupe, Cupidon décochait une flèche plus grosse que lui dans le cœur de Galatée, bien qu’il visât dans son épaule, par la faute d’un arbre qui l’empêchait de se bien placer. Mais les traits d’amour sont si subtils !

Que ne dirai-je point du troisième panneau, qui montrait le terrible combat du blond Filandre avec le More terrible, celui-ci qui tenait l’autre embroché de part en part, tandis que, sans se déconcerter, le vaillant berger enfonçait dextrement le bout ferré de sa houlette entre les deux yeux du monstre ?

Et du quatrième panneau, où l’on voyait la belle Mélandre sous l’armure du chevalier Triste, conduite en présence du cruel Lypandas !

Mais qui ne connaît les merveilles de ce beau pays de tapisserie, comme l’appelle un de nos poëtes, contrée folle et riante où nos imaginations enfantines ont vu et rêvé tant de prodiges ?