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prenant des poses lasses, se relevant en trois temps quand il était assis ; en un mot, faisant, avec sa haute taille et ses traits accentués, ce personnage de petit marquis fadasse, que, trente ans plus tard, Molière trouva complet dans son ridicule et mur pour la satire.

Cette manière d’être aida Bois-Doré à cacher la pesanteur réelle de ses années sous un déguisement qui faisait de lui une sorte de fantôme comique.

D’Alvimar le trouva même effrayant à première vue. Il ne comprenait rien à cette profusion de boucles d’ébène sur cette face ridée, à ces gros sourcils terribles sur des yeux si doux, à ce fard éclatant qui avait l’air d’un masque follement posé sur une figure respectable et bienveillante.

Quant au costume, il était, par sa recherche, par la quantité de galons, de broderies, de rosettes et de panaches, on ne peut plus ridicule en plein jour, à la campagne, outre que les couleurs tendres et pâles, que notre marquis affectionnait, juraient davantage avec l’aspect léonin de sa moustache hérissée et de sa crinière d’emprunt.

Mais l’accueil que lui fit le vieux gentilhomme détruisit agréablement, chez d’Alvimar, l’effet rébarbatif de cette mascarade.

M. de Beuvre s’était levé pour présenter l’ami de Guillaume au marquis, et pour lui rappeler qu’il était chargé de lui pour plusieurs jours.

— C’est un plaisir et un honneur que je réclamerais pour moi-même, dit M. de Beuvre, si j’étais dans ma propre maison ; mais je ne dois pas oublier que je suis chez ma fille, et, d’ailleurs, cette maison est moins riche et moins ornée que la vôtre mon cher Sylvain, et nous