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que l’on sache trop vite au pays qu’elle fait autre chose qu’une de ses promenades accoutumées.




XXXIX


En effet, dès le lendemain, Lauriane était installée à Briantes, dans la salle des Verdures, que l’ingénieux Adamas convertit rapidement en appartement luxueux et confortable.

La Morisque demanda à servir la jeune dame, qui lui inspirait confiance et sympathie, et Lauriane, qui avait aussi beaucoup d’estime et d’attrait pour elle, la pria de coucher dans le cabinet auprès de sa vaste chambre.

Lauriane se sépara de son père avec beaucoup de courage.

La généreuse enfant ne soupçonnait en lui aucun calcul, elle qui vivait de foi et d’enthousiasme. Elle eût difficilement compris ce que c’était que raisonner, douter et conclure en vue d’un intérêt personnel. Elle savait son père brave comme un lion, et le voyait franc par vivacité d’humeur et fierté de gentilhomme : c’en était assez pour qu’elle se fît de lui un héros.

Il sentait, lui, la candeur et la grandeur des instincts de cette jeune tête, et n’eût osé se diminuer devant elle, en montrant combien il était, plus qu’elle ne le pensait, l’honnête homme de son temps, c’est-à-dire celui qui faisait le moins de mal possible, tout en songeant bien à tirer son épingle du jeu.

Ce n’était plus le temps de l’idéal : on était entré « dans les ronces de cet affreux XVIIe siècle ; grandiose désert où la subsistance morale et matérielle va tarissant,