Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/322

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’étude qui lui plaisait le plus était celle de la musique.

Lucilio, en cela encore, était un admirable maître. Son délicieux talent charmait l’enfant et le jetait dans des rêveries extatiques. Mais ce goût, qui eût absorbé tous les autres, était un peu contrarié par le marquis, lequel trouvait qu’un gentilhomme ne devait point étudier un art au point de devenir un artiste, mais savoir à fond d’abord ce que l’on appelait le métier des armes, ensuite un peu de tout, « le mieux possible, disait-il, mais rien de trop ; car un homme très-savant en une chose dédaigne les autres, et n’est plus aimable dans le monde. »

Au milieu de toutes ces préoccupations et amusements, Mario devenait le plus joli garçon de la terre. Sa peau, naturellement blanche, prenait, sous le tiède soleil d’automne de nos provinces, un ton fin comme celui d’une fleur. Ses petites mains, rudes et couvertes d’égratignures, maintenant gantées et soignées, devenaient aussi douces que celles de Lauriane. Sa magnifique chevelure châtain faisait l’admiration et l’orgueil de l’ex-perruquier Adamas.

Le marquis avait eu beau lui démontrer la grâce par principes, il avait conservé sa grâce naturelle, et, quant à celle du gentilhomme, il l’avait rencontrée dès le premier jour, en endossant le justaucorps de satin.

Les savantes études chorégraphiques qu’on lui faisait faire ne servaient donc qu’à le développer dans le sens de son organisation, qui était de celles que l’on ne fausse pas.

Dès qu’il fut nippé, le marquis le mena rendre des visites à dix lieues à la ronde.

Ce fut l’événement du pays que l’apparition de cet enfant,