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Il aimait à dire des mots italiens pour faire voir qu’il était allé à la cour de la reine mère, ou bien peut-être s’imaginait-il qu’un i à la fin des mots suffisait pour les tendre inintelligibles à ces égyptiens.

Pourquoi avanti ! lui dit d’Alvimar sans vouloir presser l’allure de son cheval.

— Parce que vous avez fâché ces oiseaux noirs. Voyez ! ils se rassemblent comme des grues en détresse, et, ma foi ! ils sont une vingtaine et nous ne sommes que sept.

— Comment donc, mon cher Guillaume, vous craignez quelque chose de la part de ces animaux faibles et poltrons ?

— Je n’ai pas grand’coutume de craindre, répondit le jeune homme un peu piqué ; mais je trouverais bien déplaisant d’avoir à faire feu sur ces pauvres loqueteux, et je suis étonné de l’humeur qu’ils vous ont causée, quand il était si facile de vous en débarrasser avec quelque menue monnaie.

— Je ne donne jamais à ces gens-là, dit Sciarra d’Alvimar d’un ton sec et bref qui surprit le bienveillant Guillaume.

Celui-ci sentit que son compagnon avait ce qu’on appellerait aujourd’hui mal aux nerfs, et il s’abstint de le blâmer. Seulement, il insista pour doubler le pas ; car la bande de bohémiens, marchant plus vite que les chevaux ne trottaient, les suivait et les devançait, distribués en deux bandes qui bordaient les deux côtés du chemin.

Ces gens n’avaient pourtant pas l’air hostile, et il était difficile de deviner quelle était leur intention en escortant ainsi nos cavaliers.

Ils se parlaient entre eux dans une langue inintelligible,