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êtes sûr de vos gens, et je réponds des miens. N’ayons point de confidents parmi des gens d’Église et des bourgeois de petite ville, toutes langues bien mauvaises, en ce pays, contre ceux qui ont combattu la Ligue et servi le feu roi.

— Il y a du vrai dans ce que vous dites, répondit Bois-Doré ; mais il me répugne de mettre une pierre au cou d’un mort et de le jeter à la rivière comme un chien.

— Eh ! si, monsieur, dit Adamas ; cet homme-là ne valait pas tant !

— Il est vrai, mon ami : je pensais ainsi il y a une heure ; mais je n’ai plus de haine contre un cadavre !

— Eh bien, monsieur, dit Adamas, il m’est venu une idée qui arrange tout pour le mieux : si nous rebroussons chemin, nous trouverons, à cent pas d’ici, le long du pré Chambon, la maison de la jardinière.

— Qui ? Marie la Caille-bottée ?

— Elle est fort dévouée à monsieur, et l’on dit qu’elle n’a pas toujours été laide et grêlée.

— Allons, allons, Adamas, ce n’est pas l’heure de plaisanter !

— Je ne plaisante pas, monsieur, et je dis que cette vieille fille gardera bien le secret.

— Et tu lui veux donner l’embarras de recevoir un mort ? Elle en mourra de peur !

— Non, monsieur, vu qu’elle n’est point seule en sa petite maison écartée. Je jurerais que nous y trouverons un bon carme, lequel enterrera très-chrétiennement M. l’Espagnol dans quelque fossé du clos de la jardinière.

— Vous êtes trop Huguenot, Adamas, dit M. d’Ars. Les carmes ne sont pas aussi débauchés que vous le dites.