Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/27

Cette page n’a pas encore été corrigée

une heure ou deux plus tard, et, en ce moment de fêtes, je trouverai encore les portes ouvertes.

Et il reprit l’histoire de Bois-Doré, que d’Alvimar écouta fort peu.

Celui-ci était préoccupé de sa sûreté et ne trouvait pas le pays qu’il parcourait bien propre à son dessein de se tenir caché.

C’était un pays plat et ouvert, où, en cas de fâcheuse rencontre, il n’était guère possible de se mettre à l’abri d’un bois ou seulement d’un bouquet d’arbres. La terre fromentale est trop bonne par là pour qu’on y ait jamais souffert d’ombrage. Fine et rouge, elle s’étend au soleil sur les larges ondulations d’une plaine immense, triste à la vue, quoique bornée de belles collines et semée d’élégants castels.

Pourtant Briantes, dont nos voyageurs s’étaient fort approchés, avait présenté à d’Alvimar un aspect plus rassurant.

À dix minutes de chemin du château, la plaine s’abaisse tout d’un coup et vous conduit, en pentes adoucies, vers un étroit vallon bien ombragé.

Le castel lui-même ne se voit que quand on est dessus, comme on dit dans le pays, et le mot est juste, car le clocheton ardoisé de sa plus haute tour s’élève fort peu au-dessus du plateau, et, quand, de la plaine, on le voit briller au soleil couchant, on dirait d’une mince lanterne dorée posée sur le bord du ravin.

Il en est à peu près de même du château de la Motte-Seuilly[1], situé plus bas que la plaine du Chaumois, mais non pas aussi agréablement que Briantes, car, au lieu

  1. Aujourd’hui Feuilly ; jadis et successivement Seuly, Sully et Seuilly.