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confesse que, s’il eût reçu la moindre blessure, j’eusse tué votre valet sur la place, eussé-je dû vous en rendre raison après.

— Mais, que diable ! monsieur, s’écria d’Alvimar espérant toujours empêcher l’explication par une querelle et, au besoin, par une rixe, où est la faute de mon serviteur, s’il vous plaît ? Quelle était la fantaisie de M. le marquis, de courir sur notre flanc sans se faire reconnaître, et de venir nous barrer la route, au risque d’être pris pour un fol ? N’avez-vous pas, vous-même, empoigné votre pistolet pour lui crier qui-vive ?

— Sans doute ; mais je n’eusse pas tiré sans attendre la réponse, ni vous non plus, j’imagine, et vous ne sauriez défendre la sotte ou méchante action de votre valet. Allons, soyez calme. Si vous voulez que je puisse arranger l’affaire à votre honneur et satisfaction, ne m’en ôtez pas les moyens par votre violence.

Pendant que d’Alvimar continuait à discuter avec âpreté, et que le marquis attendait avec beaucoup de calme, Adamas, inquiet de l’issue de l’affaire et agissant à sa tête, avait parlé aux gens de Guillaume. Il leur avait appris tout ce qu’il savait, et ils lui avaient juré que, dans le cas où M. d’Ars se verrait forcé de leur donner l’ordre de défendre d’Alvimar contre les gens de Bois-Doré, il n’y aurait qu’un engagement simulé, pendant lequel on laisserait à qui de droit le soin de faire justice des assassins.

Tous ces valets des deux camps étaient parents ou amis, et ne se souciaient nullement d’échanger des horions pour l’amour d’un étranger coupable ou suspect.

Le temps que d’Alvimar espérait gagner par sa résistance était donc une circonstance qui tournait fatalement contre lui, et quand Guillaume, impatienté et révolté de