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semblaient confirmer et hâter les événements de cette soirée.

Lorsque Bois-Doré passa sur le flanc gauche de cette escorte, Guillaume ne le reconnut pas sous le costume militaire ; mais d’Alvimar le reconnut aux battements de son cœur troublé, et le vieux Sanche, averti par une émotion analogue, se rapprocha de lui.

Leurs anxiétés se dissipèrent lorsque Bois-Doré les devança sans leur parler. Ils pensèrent alors que ce n’était pas lui. Mais quand il se fut arrêté en présentant la tête de son cheval aux naseaux des leurs, ils se regardèrent et se serrèrent instinctivement l’un contre l’autre.

— Qu’est-ce donc monsieur ? dit Guillaume en prenant un de ses pistolets dans la fonte de sa selle. Qui êtes-vous et que demandez-vous ?

Mais, avant que Bois-Doré eût eu le temps de lui répondre, un coup de pistolet partait entre eux, et la balle coupait la bourguignote du marquis, lequel, voyant le mouvement de Sanche pour l’assassiner, s’était rapidement baissé en criant :

— Guillaume ! c’est moi !

— Mille tonnerres du diable ! s’écria Guillaume effrayé ; qui a tiré sur le marquis ? Au nom du ciel, marquis, êtes-vous touché !

— Nullement, répondit Bois-Doré ; mais je dois dire que vous avez, en votre compagnie, de sales poltrons, qui tirent sur un homme seul avant de savoir si c’est un ennemi ?

— Oui, certes, et sur l’heure j’en ferai justice, reprit le jeune homme indigné. Misérables drôles, lequel de vous a tiré sur le meilleur homme du royaume !

— Pas moi !… Ni moi !… Ni moi ! s’écrièrent à la fois les quatre valets de M. d’Ars.