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avec feu. Dites-vous que, le voyant sous les habits d’un vilain, j’ai pu croire que je le pouvais faire tuer comme un vilain par mon domestique.

— Que ne le faisiez-vous arrêter dans cette auberge, où vous dûtes reconnaître votre sœur, au lieu de le suivre pour le saisir dans un guet-apens ?

— Apparemment, répondit d’Alvimar, toujours fier et animé, que je ne voulus point faire d’esclandre et compromettre ma sœur devant une populace.

— Et comment, au lieu de courir après elle pour la ramener à sa famille, la laissâtes-vous sur ce chemin, où elle est morte dans les douleurs, une heure après, sans avoir été ensuite réclamée de personne ?

— Pouvais-je la poursuivre, ignorant qu’elle était là, tout près de moi ? Votre témoin n’a pu entendre toutes mes paroles ; les questions que je devais faire au ravisseur, je n’avais point à les crier sur le chemin. Que savez-vous s’il ne me répondit point que ma sœur était restée à Urdoz, et si ce que l’on prit pour une fuite n’était pas l’empressement de courir après elle ?

— Et, ne la trouvant point à Urdoz, vous ne sûtes rien de sa mort si déplorable ? Vous n’eûtes même point souci du lieu de sa sépulture ?

— Qui vous dit que je ne sais pas mieux que vous, monsieur, tous les détails de cette fâcheuse histoire ? À ma place, ne pouvant plus remédier à rien, eussiez-vous fait bruit, dans un pays où personne ne pouvait rien deviner du nom de votre sœur et du déshonneur de votre famille ?

Le marquis, accablé de la vraisemblance de ces explications, garda le silence.

Il demeurait pensif et tellement absorbé dans ses réflexions, qu’il entendit à peine annoncer une visite.