Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée

la roue… Vous mentez par la gorge ! et vous me rendrez raison…

Il retomba sur sa chaise, suffoqué et comme étranglé de l’aveu que lui arrachait enfin la colère.




XXIX


Le marquis fut comme foudroyé aussi de cette sortie, à laquelle il ne s’attendait pas, tant, jusque-là, le coupable avait fait bonne contenance et donné un air naturel à ses fréquentes interruptions.

Il se remit le premier, comme on peut croire, et, froissant de sa longue main nerveuse le poignet convulsif de d’Alvimar :

— Malheureux ! lui dit-il avec un mépris accablant, vous devez remercier le ciel qui vous a fait mon hôte ; car, si je n’eusse donné ma parole de vous protéger, parole qui vous préserve de moi-même, je vous briserais contre le mur de cette chambre.

Lucilio, craignant une lutte, avait saisi le couteau resté sur la table.

D’Alvimar vit ce mouvement et eut peur. Il se dégagea des mains du marquis et saisit la garde de son épée.

— Tenez-vous donc tranquille, et ne craignez rien ici, lui dit Bois-Doré avec calme. Nous ne sommes point des assassins, nous autres !

— Ni moi non plus, monsieur, répondit d’Alvimar, qui sembla vaincu par cette dignité de procédés, et, puisque vous ne voulez point déroger aux lois de l’honneur, je ferai l’effort de me justifier.

— Vous justifier, vous ? Allons donc ! vous êtes convaincu