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contraction faciale se produisait chez lui pour la moindre cause et même parfois sans cause.

Il se remit à jouer.

Mais Bois-Doré l’arrêta.

— Pardonnez-moi, lui dit-il ; mais vous avez paru reconnaître cet objet, et c’est un devoir pour moi de vous interroger : vous pourrez peut-être me fournir quelque lumière sur un fait mystérieux dont, depuis longtemps, ma vie est tourmentée et troublée. Veuillez donc me dire, monsieur de Villareal, si vous connaissez la devise et les lettres initiales qui sont gravées sur cette lame. Voulez-vous la regarder encore ?

— C’est inutile, monsieur le marquis, je ne connais pas l’objet ; il ne m’a jamais appartenu.

— Éprouveriez-vous de la répugnance à vous en assurer ?

— De la répugnance ? Pourquoi cette question, messire ?

— Je vais m’expliquer. Peut-être avez-vous reconnu cette arme pour avoir appartenu à quelqu’un dont vous rougissez d’être le compatriote, et dont vous me diriez pourtant le nom si j’invoquais votre loyauté.

— Si vous faites de ceci une grave affaire, répondit d’Alvimar, bien qu’à mon tour je ne vous entende point, je veux bien examiner encore.

Il reprit le couteau, le regarda avec un grand calme, et dit :

— Ceci est de fabrique espagnole, arme très-usitée chez nous. Il n’est personne de noble, ou seulement de libre condition, qui n’en porte une semblable en sa ceinture ou en sa manche. La devise est une des plus banales et des plus répandues : Je sers Dieu, ou Je sers mon maître, ou Je sers l’honneur ; voilà ce qu’on lit