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avait déjà du Bois-Doré chez le bon Mario ; il était particulièrement sensible à la pitié, et, d’ailleurs, l’abbé Anjorrant l’avait élevé dans l’horreur de la violence et de la cruauté. Mais il cacha ses pleurs, craignant de faire de la peine à son oncle, qu’il aimait déjà passionnément.

D’Alvimar sortit enfin de sa chambre.

Le repos qu’il avait pris, un beau soleil couchant, la joyeuse chanson des grives, chassèrent les noirs pressentiments dont il était assiégé depuis quelques jours.

Habillé et parfumé, il se rendit auprès du marquis et le remercia de l’intérêt qu’il lui avait montré et des soins dont il avait été l’objet. Bois-Doré ne pouvait se résoudre à accuser intérieurement cet homme encore si jeune, d’un maintien si distingué et d’une physionomie dont l’habituelle mélancolie lui semblait véritablement intéressante ; mais, quand ils furent à table pour le souper, Lucilio étant là, comme de coutume, pour faire de la musique, Bois-Doré se rappela ce qui était convenu entre eux, et résuma ce qu’il appelait ses engins de siége, pour livrer un assaut formidable à la conscience de son hôte.

Il avait trop guerroyé et traversé trop d’aventures périlleuses pour ne pas savoir se composer un maintien et une figure, sans avoir besoin, comme Adamas, de faire des études préalables devant une glace. Bien que depuis longtemps il vécût assez tranquille pour n’être plus forcé de déroger à sa candeur naturelle, il était trop l’homme de son temps pour ne pas savoir faire dire à son regard, et au besoin vingt fois par jour :

« Vive le roi ! Vive la Ligue ! »

Les généreux chants de la sourdeline le dispensèrent