Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/233

Cette page n’a pas encore été corrigée

m’a fallu, pour avoir un fils, le trouver par miracle en mon âge mûr. N’importe ! il ne m’en sera pas moins cher, et il n’en dormira pas moins son sommeil d’ange sous le pavois de madame la Vierge de Fontgombaud.

Le marquis fut interrompu dans ses souvenirs par l’arrivée de La Flèche, qui demandait à lui parler.

On referma avec soin les coffres et les portes du trésor, et on reçut le drôle dans la basse-cour.

Il faisait beau temps, et Jovelin fut d’avis de ne pas introduire dans la maison un intrigant de cette espèce.

Ce qu’il avait prévu arriva. La Flèche rapportait le cachet, qu’il prétendait avoir surpris dans les mains de la petite Pilar ; il prétendait aussi révéler le mystère de la naissance de Mario et l’assassinat de Florimond par M. de Villareal.

On le laissa dire, et, quand il eut fini, on le renvoya, on lui donnant un écu pour la peine qu’il avait prise de rapporter le cachet ; mais on feignit de ne rien comprendre à son histoire, de n’y ajouter aucune foi, et de trouver fort mauvais qu’il se permit d’accuser M. de Villareal, contre lequel il n’avait effectivement d’autre preuve que l’émotion et l’exclamation de la Morisque, lorsqu’elle avait cru le reconnaître sur la bruyère de Champillé.

En ceci, le marquis, conseillé par Lucilio, agissait sagement. Dans le cas où il eût accueilli l’accusation, La Flèche eût été fort capable d’en donner avis à l’Espagnol, afin de tirer du même sac deux moutures.

La Flèche, fort mécontent de son fiasco, se retirait l’oreille basse, lorsqu’en suivant le mur extérieur du jardin de Galathée, il s’entendit appeler par une voix douce.

C’était Mario, que le marquis n’avait pas voulu admettre