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On se représenterait mal les habitudes de cette époque si l’on pensait qu’il fût nécessaire d’aller, comme aujourd’hui, à Paris pour prendre le ton et trouver des ouvriers habiles dans l’art de la toilette et de la décoration.

Ce ne fut guère que sous Louis XIV que la centralisation du luxe et de la mode fit de Paris l’école du goût et l’arbitre de l’élégance. Richelieu commença l’œuvre de cette centralisation en détruisant le pouvoir des princes. Avant lui, on avait la cour dans les grands centres de province, et les artisans des moindres localités servaient le luxe des seigneurs avec une habileté traditionnelle. Un riche châtelain avait des artisans parmi ses vassaux ; et, même dans les maisons bourgeoises, on faisait faire à domicile les meubles, les habits, les souliers et les bottes.

Bois-Doré n’eut donc qu’à choisir les matériaux et à commander à Adamas les objets que celui-ci devait faire confectionner sous ses yeux.

Sous le rapport de la toilette, Adamas était une capacité. On pouvait se fier à lui, et, au besoin, il mettait la main à l’œuvre avec succès.

Les colonnes et corniches d’ivoire, destinées au lit de l’enfant, furent trouvées après quelques recherches.

— Je savais bien qu’il y avait ici quelque chose comme cela, dit en souriant le marquis. C’est là un excellent travail qui provient d’un dais de parade enlevé en la chapelle de l’abbaye de Fontgombaud, dont je fus abbé, c’est-à-dire seigneur par droit de conquête, quinze jours durant. Lorsque je m’en emparai, je me souviens d’avoir dit en moi-même : « Si le nouvel abbé de Fontgombaud pouvait bientôt devenir père, ce serait là un baldaquin digne de son premier-né ! » Mais, hélas ! mon ami, je n’héritai point de toutes les vertus des moines, et il