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Cet amas de dépouilles opimes s’appelait, dans la maison, le magasin, le fourre-tout. Il était censé contenir le trop-plein des objets d’ameublement, le rebut, les rognures.

Adamas seul était initié au contenu de ces coffres merveilleux, et il appelait tout bas cette salle le trésor ou l’abbaye.

Il y avait là, non pas des colifichets à la mode, comme dans les appartements du marquis, mais des objets d’art ou d’industrie d’une grande valeur et d’une grande beauté, quelques-uns fort anciens et d’autant plus précieux : des étoffes dont les procédés de fabrication étaient déjà perdus, des armes de toute dimension et de tous pays, quelques bons tableaux et manuscrits précieux, etc.

Tout cela voyait rarement le jour, le marquis craignant d’éveiller la cupidité de certains voisins, et ne faisant sortir ses richesses du magasin que peu à peu et avec vraisemblance de récente acquisition.

Il était cependant fort rare que les héros pillards de ce temps fussent condamnés à restitution ; mais il arrivait fort bien que quelque puissant personnage, survenant pour son compte et prétendant agir au nom de l’Église ou de l’État, s’appropriât tranquillement l’objet en litige.

C’est ainsi que Catherine de Médicis, pour remercier Jean de Hangest (dit le capitaine d’Yvoi) de lui avoir rendu Bourges par trahison, s’était emparée du magnifique calice orné de perreries, pillé par lui dans le trésor de la Sainte-Chapelle de cette ville, et qu’il avait mis de côté comme sa part de butin.

Au milieu de toutes ces merveilles, le marquis choisissait tout ce qu’il fallait pour l’équipement de Mario, qui était appelé à dire son goût quant aux couleurs.