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plus habiles du pays, et, un mois durant, je veux que, sous mes yeux, jour et nuit, s’il le faut, on travaille à l’équipement de mon neveu.

— Et ma Mercédès, dit Mario sautant de joie, est-ce qu’on lui donnera aussi de belles robes comme la Bellinde en a ?

— La Mercédès aura de belles robes, des robes d’or et d’argent, si c’est sa fantaisie… Et cela me fait penser… Écoutez, mon cher Jovelin, il me semble que cette femme est belle et encore jeune. Ne seriez-vous point d’avis de lui laisser reprendre ici le costume morisque, qui est fort galant, sauf le voile, qui est par trop islamite ? Puisque cette bonne créature est franche chrétienne à l’heure qu’il est, et que nous vivons dans un pays où le populaire n’a jamais vu de Morisque, ce costume ne choquera les regards de personne et réjouira les nôtres. Qu’en pense votre sagesse ?

La sagesse de Lucilio avait fort à faire pour concilier la tendre affection que méritait le marquis avec le sentiment que sa puérilité faisait naître. Mais, n’espérant pas corriger un si vieil enfant, en somme, la raison lui commandait d’en prendre son parti et de l’aimer tel qu’il était.

Le philosophe eût désiré que, pour commencer la nouvelle destinée de Mario, on ne l’affolât point tant de parures et de luxe, mais qu’on lui dit plutôt quelque chose des devoirs nouveaux qu’il avait à pratiquer.

Il se consola en remarquant que l’enfant était moins enivré de la possession de ces choses que réjoui et attendri des amitiés et caresses dont il se voyait l’objet.

Le lendemain, d’Alvimar, qui n’avait pas dormi de la nuit, fit demander par Bellinde, qui le soignait avec