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j’essayerai de le voir ; mais, si je ne peux lui parler là sans témoins, je reviendrai ici, et véritablement, si vous me refusez encore l’entrée, vous en aurez regret un jour, car bien des destinées sont en mes mains.

— Tout cela est fort remarquable, dit naïvement le marquis. Le fait est qu’il m’a prédit tout ce qui m’arrive, et je regrette maintenant de ne l’avoir pas interrogé davantage. S’il revient, Adamas, il me le faut amener. — Ne m’avez-vous pas dit, mon cher Mario, que c’était un garçon d’esprit ?

— Il est très-amusant, répondit Mario ; mais ma Mercédès ne l’aime pas. Elle croit que c’est lui qui nous a volé le cachet de mon père. Moi, je ne le crois pas, car il nous a aidés à le chercher et à le réclamer aux autres bohémiens. Il paraissait nous aimer beaucoup, et il faisait tout ce que nous lui demandions.

— Et qu’est-ce qu’il y avait sur ce cachet, mon cher enfant ?

— Des armoiries. Attendez ! M. l’abbé Anjorrant les avait regardées avec un verre qui faisait voir gros, car c’était si fin, si fin qu’on ne distinguait pas bien, et il m’avait dit :

«

— Retiens ceci : D’argent à l’arbre de sinople. »

— C’est bien cela, dit le marquis ; ce sont les armes de mon père ! Ce seraient les miennes si le roi Henri ne m’en avait composé d’autres à sa guise.

— Les unes et les autres, écrivit Lucilio, sont sculptées sur la porte du préau. Demandez à l’enfant s’il ne les avait pas vues en arrivant ici.

— Et comment les eût-il vues ? dit Adamas, qui lisait les paroles de Lucilio en même temps que son maître. Les maçons qui réparaient l’arcade avaient leur échafaud dessus !

— Et ce matin, reprit Lucilio avec son crayon,