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« — Celle que vous supposez !

» — Nommez-la, repris-je connaissant bien que c’était la Bellinde, mais voulant éprouver la science de cet habile compère.

» — Les astres me le défendent, répondit-il ; mais je vous puis dire ce que fait, au moment où nous parlons, la personne que vous n’aimez point. Elle est chez le recteur, où elle se gausse de vous, disant que vous avez mis en tête au châtelain de ce manoir d’épouser la jeune madame…

— Taisez-vous, Adamas, taisez-vous ! s’écria pudiquement le marquis ; vous ne devez point répéter les billevesées…

— Non, monsieur, non ! je ne dis rien ; mais, voulant savoir si le sorcier disait vrai, dès qu’il fut parti, je m’en allai, comme en me promenant, le long du presbytère, où je vis la Bellinde à une croisée, avec la gouvernante, lesquelles toutes deux se mirent à rire et à me bafouer en se cachant.

Jovelin demanda si ce bohémien était entré dans le château.

— Il l’eût fort souhaité, dit Adamas ; mais Mercédès, qui le regardait de la cuisine sans se montrer à lui, me pria de ne point le recevoir, disant qu’il était sujet à dérober, et je ne le laissai point entrer dans le préau. Il en regardait la porte avec beaucoup d’émotion, et, comme je lui demandai ce qu’il y voyait, il me répondit :

« — Je vois de grands événements près de s’accomplir dans cette maison ; si grands et si surprenants que je les dois annoncer à votre maître. Faites-moi parler à lui.

» — Vous ne pouvez, lui dis-je, il n’est point céans.

» — Je le sais, reprit-il. Il est à la Motte-Seuilly, où