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Cela fait, il ouvrit la missive, en tira un papier taché et maculé, le baisa, le regarda avec attention ; puis, s’écriant : « Viens, mère ! venez, monsieur Jovelin ! » il s’élança dans l’escalier, rentra dans la chambre du marquis, saisit impétueusement, dans les mains de celui-ci, la lettre qu’il commentait encore, compara les écritures, et, posant tout ce qu’il tenait dans les mains d’Adamas, lettres, bague et poignard, il sauta sur les genoux du marquis, lui jeta ses bras au cou et se mit à l’embrasser si fort que le bon monsieur en fut comme étranglé pendant un moment.

— Voyons, voyons ! dit enfin Bois-Doré, un peu fâché de cette familiarité à laquelle il ne s’attendait pas, et qui avait gravement compromis sa frisure, ce n’est point l’heure de jouer ainsi, mon bel ami, et vous prenez là des libertés… Qu’est-ce que vous nous apportez ? et pourquoi ?…

Mais le marquis s’arrêta en voyant Mario fondre en larmes.

L’enfant avait obéi à une inspiration, il avait eu la foi ; mais, l’esprit des autres n’allant pas si vite et si droit que le sien, le doute, la peur et la honte lui revenaient. Il avait désobéi à Mercédès, qui pleurait et tremblait.

Lucilio le regardait d’un air attentif, dont il se sentait intimidé ; le marquis repoussait son étreinte passionnée, et Adamas, stupéfait, n’avait pas l’air de constater sans hésitation la similitude des écritures.

— Voyons, ne pleurez pas, mon enfant, dit le marquis agité, en prenant des mains d’Adamas la lettre de son frère et le papier froissé et usé que Mario avait apporté. Qu’as-tu, Adamas, et pourquoi trembles-tu de la sorte ? Qu’est-ce donc que ce papier taché de noir ? Vrai Dieu ! ce sont des traces de sang ! Rapproche la bougie,