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— Où ? demanda le marquis. Voyons, il faut le dire, ou je n’aurai plus de confiance en vous, petit. Où l’avait-il laissé ?

— Dans le cœur de mon père ! répondit Mario, dont la figure s’anima extraordinairement.

Il avait besoin d’effusion ; ce mystère lui posait, il avait dit le premier mot, il ne pouvait plus se taire.

— Adamas, dit le marquis saisi de je ne sais quelle émotion subite, ferme les portes, et, toi, mon enfant, viens ici et parle. Tu es avec des amis, ne crains rien, nous te défendrons, nous te ferons avoir justice. Dis-nous tout ce que tu sais de ta famille ?

— Eh bien, dit l’enfant, si vous m’aimez, il faut punir M. de Villareal, parce que c’est lui qui a assassiné mon père.

— Assassiné ?

— Oui, Mercédès l’a vu !

— Quand cela ?

— Le jour que je suis venu au monde, le jour que ma mère est morte.

— Et pourquoi l’a-t-il assassiné ?

— Pour avoir beaucoup d’argent et des bijoux que mon père avait.

— Voleur et assassin ! dit le marquis en regardant Adamas ; un homme de qualité ! un ami de Guillaume d’Ars ! Est-ce croyable, cela ?

— Monsieur, dit Adamas, les enfants font beaucoup de contes, et je crois bien que celui-ci se moque de nous.

Le rouge monta au front du beau Mario.

— Je ne mens jamais ! dit-il avec une touchante énergie. M. Anjorrant l’a toujours dit : « Cet enfant-là n’est pas du tout menteur. » Ma Mercédès m’a toujours dit