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— C’est juste ; pardon, monsieur ! Parlons du poignard. Je croyais qu’en effet c’était un don du M. de Villareal, ou qu’il vous l’avait prêté ; car, pour de vrai, il vient du lui. Ces deux lettres S. À. sont sur ses autres armes, qui sont fort belles, et que j’ai remarquées ce matin pendant que son valet les fourbissait.

Le marquis tomba dans la rêverie.

Comment Lauriane avait-elle le poignard de Villareal ? Elle l’avait reçu de lui, puisqu’elle en avait disposé comme de sa propriété.

Il avait beau chercher dans toute la généalogie des de Beuvre, il n’y trouvait pas un nom auquel ces initiales S. À. pussent se rapporter.

— Aurait-elle, se disait-il, fait le même accord avec lui qu’elle a fait ensuite avec moi ?

Il se consola pourtant en songeant qu’elle faisait apparemment peu de cas du premier, puisqu’elle lui en avait sacrifié le gage ; mais il n’en restait pas moins quelque chose d’incompréhensible dans cette circonstance, et le bon marquis n’était pas encore assez fou pour ne pas appréhender d’être l’objet de quelque « bernerie. »

Et puis ce que l’enfant avait dit compliquait l’embarras de son esprit, et il ne savait plus quelle intrigue de la destinée ou quelle mystification environnait ce poignard.

Il eut envie d’aller s’en expliquer tout de suite avec son hôte ; mais il se souvint que Lauriane lui avait commandé de cacher son gage et de ne le laisser voir à personne.

Adamas vit le souci sur le front de son maître et s’en émut.

— Qu’y a-t-il, monsieur, lui dit-il, et que peut faire votre pauvre Adamas pour vous tirer d’intrigue ?

— Je ne sais, mon ami. Je voudrais deviner comment