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fit peur à tous ceux qui la regardaient et à La Flèche lui-même.

— Sang et meurtre ! s’écriait-elle en bondissant avec des gestes convulsifs ; meurtre et damnation ! sang, sang et sang !

— Tout cela pour moi ? dit d’Alvimar, qui, en ce moment, ne put cacher son épouvante.

— Pour toi ! pour toi ! cria cette guêpe furieuse, et la mort, l’enfer ! bientôt, tout de suite, avant trois mois, trois semaines ou trois jours, damné ! damné ! l’enfer !

— Assez ! assez ! dit Bois-Doré, qui ne comprenait presque pas l’espagnol, mais qui vit d’Alvimar pâle et prêt à défaillir ; cette enfant est possédée d’un mauvais diable, et c’est peut-être péché que de l’écouter.

— Oui, sans doute, monsieur, répondit d’Alvimar, elle est possédée du diable, et ses menaces sont vaines et méprisables, car l’enfer ne peut rien sans la volonté de Dieu ; mais, si j’étais ici châtelain et justicier, je ferais enfermer ce bandit et cette vermine, et je les livrerais…

— La la ! dit M. de Beuvre, il n’y a point tant à se fâcher ! Je ne sais ce qui vous a été dit, mais je m’étonne que vous ayez fini d’en rire. Pourtant j’avoue que les transports de cette guenuche enragée sont une laide comédie, et je vois que ma fille en est troublée. Allons, drôle, dit-il à La Flèche, c’est assez. Gardez pour vous les gages si chacun y consent, et allez vous faire pendre ailleurs.

La Flèche n’avait pas attendu cette permission pour plier bagage. Il était fort pressé de se soustraire aux intentions bienveillantes de l’Espagnol à son égard.

La petite Pilar n’en fut pas émue. Tout au contraire, elle ramassa les pièces d’or et d’argent qui avaient servi